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Un dessin de
Pierre-Paul Prud'hon (1758-1823)
et introduction
Ce dessin de 1819 est réalisé sur un grand papier bleu (44x59) à la pierre noire et à la craie blanche -
technique très adaptée pour donner l'illusion des volumes et très prisée
par Prud'hon. C'est aussi l'une des techniques de dessin qui rend possible les plus forts contrastes et qui
permet par conséquent de donner le plus fort caractère à un dessin. Ci dessous pour comparaison
Ingres, Vierge 1866 -
Raphael, Tête de femme 1519-1520 - Léonard, Tête de femme - Prud'hon, portrait de Constance Mayeur vers 1805.
Cette oeuvre fournit une bonne occasion de s'interroger sur le statut des dessins. Si celui-ci n'avait
été conçu que pour lui-même, le corps serait certainement représenté entièrement, le pied
droit ne serait sans doute pas reproduit agrandi au coin de la feuille (ni les essais de crayons apparants
en haut à droite).
Tout cela a une raison : ce dessin est
une étude préparatoire pour un tableau peint par constance Mayer
(collaboratrice et maîtresse de Prud'hon), "Le rêve du bonheur" (reproduit ci-dessous)... d'où la réserve
à l'emplacement de la figure féminine.
Cependant, comparant le dessin et le tableau - mettant à part la différence de posture -, on remarque
que Prud'hon à fait apparaître des contrastes plus fortsF à plusieurs endroits du dessin
(près de l'avant-bras gauche, à droite du thorax, sous la cuisse gauche notamment). Il a donc
travaillé à la lisibilité et l'élégance de ce dessin pour lui-même, au delà du projet de tableau. L'exemple
n'est pas unique : on retrouve dans les deux face-à-face proposés ci-dessous l'extrême soin et
la recherche d'une qualité propre du dessin, notamment par des différences de valeur qui ne
figureront pas dans l'oeuvre peinte.
Ce goût du dessin pour lui-même a d'autres manifestations : peu d'esquisses grossières servant simplement
à éprouver une construction (comme on en conserve en très grand nombre de Rembrandt), pas de
dessin mis au carreau, pas de dessin développé dans une seule de ses parties et laissé "brut" dans d'autres.
Ci-dessous pour opposition : Etude pour le boeuf écorché, Rembrandt vers 1655 - Les rois mages, Gustave Moreau
1860, La comtesse d'Haussonville vers 1845.
Cette attention portée au dessin n'est pas toujours gratuite. Une partie des dessins réalisés par Prud'hon
étaient des illustrations destinées à être gravées et reproduites ; le dessin était alors le produit fini de l'artiste.
Ajoutons pour finir une dernière leçon de Prud'hon : on répète beaucoup dans les ateliers de dessin qu'il convient
d'avancer le travail dans toutes ses parties de manière régulière ou plus succintement "qu'un dessin est toujours
fini" (ie comme il a été uniformément travaillé, on peut l'arrêter à tout moment...). Des dessins inachevés de
Prud'hon montrent qu'il a poussé ce principe jusqu'à sa limite : les premiers coups de crayon noir et blanc
définissent déjà toutes les formes d'un corps. C'est vraiment un maître du dessin...
Pierre-Paul Prud'hon et introduction
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