Raphaël (1452-1519)

et du sens des hachures

Ce dessin de Raphaël, conservé au Ashmolean Museum d'Oxford, est une étude de visages et de mains pour deux apôtres. Les ombres et les clairs sont parfaitement crédibles. Joints aux contours, ils définissent remarquablement les traits des visages qui expriment délicatesse et mansuétude... Tout est parfait...

Et cependant, au moins pour ceux qui ont fréquenté des ateliers de dessin, les hachures sont troublantes. Regardons de plus près :



On conseille, au moins aux débutants en dessin, de porter les hachures dans le sens des formes, plus précisément (et pour le dire d'une manière géométrique) en chaque point dans le sens de la plus faible courbure et dans le sens de la plus forte courbure (ou dans deux directions autour de celle de plus forte courbure). Au regard de cette recommandation, l'inclinaison des hachures sur l'oreille et sur le front est anormale. Même constat sur la main...




Cependant la technique usuellement enseignée n'est pas ignorée par tous les maîtres. Nous en trouvons trace par exemple dans cette étude de nu de Dürer (lavis et plume 1495), au niveau des dorsaux, de l'aisselle, et de la cuisse gauche....



Alors quelle est la bonne méthode ?
Voici, avant de proposer une réponse, un autre dessin de Raphaël représentant les trois grâces (collection de la reine Elisabeth)



De nouveau la grande majorité des hachures est orientée dans la direction naturelle à un droitier - du bas à gauche au haut à droite. Cependant certains groupes de traits font exception : au niveau des fesses, du haut de la colonne vertébrale du personnage du milieu ou encore de l'épaule, de l'aisselle et du bras gauche du personnage situé à gauche, des hâchures de sens distinct sont nettement visibles.

Un avis pour finir ?
Suivre les directions de plus faible et plus forte courbure est une méthode assez facile pour obtenir une bonne description des volumes.
Conserver dans l'ensemble du dessin la même direction de trait (sauf, peut-être, là où cela nuirait trop à la défintion des formes) est au contraire une technique difficile. Il faut notamment une très grande régularité d'espacement des traits pour faire d'un ensemble de hachures parallèles une indication de valeur et pas quelque chose qui est vu comme un élément de la forme représentée. Quand la seconde méthode est bien maîtrisée, elle donne une douceur et un charme particulier au dessin. En sus des exemples de cette page on pourra d'ailleurs se référer à un dessin de Léonard de Vinci, visible sur la page qui lui est consacrée, et qui utilise aussi cette seconde technique.
Chacun peut essayer et se faire son idée...

Pierre-Paul Prud'hon et introduction

Léonard de Vinci	Raphaël	Albrecht Dürer	J.-H. Fragonard
E. Delacroix	Victor Hugo	J.-F. Millet	V. van Gogh
Balthus		à suivre

Vue complète des oeuvres présentées partiellement